Ariane SCRIABINE FIKSMAN
1906-1944
De nationalité russe, fille d’Alexandre Scriabine, brillant pianiste et compositeur russe, Ariane est née en Italie, à Bodigliasco. D’un tempérament vif et passionné, elle est dotée d’une forte personnalité très tôt renforcée par de terribles épreuves (décès accidentel de son père en 1915, puis de son jeune frère ; exils forcés à Kiev en 1919, puis à Paris en 1920).
Sarah
A Paris, Ariane fréquente les cercles littéraires et artistiques russes installés dans les cafés du quartier Montparnasse. Elle y devient également écrivain et publie à cette époque un recueil de poèmes.
En 1935, elle rencontre un poète juif-russe, dénommé « Dovid Knout », en réalité David Meïerovitch Fiksman. Elle l’épouse et se convertit au judaïsme le 30 mars 1940.
Passionnée pour la cause des Juifs, intransigeante, elle tente avant guerre, avec David Fiksman, de mobiliser l’opinion française sur le sort des Juifs en organisant des conférences. En 1940, son mari est mobilisé et envoyé à Toulouse où Ariane et ses trois enfants le suivent.
L’Armée Juive
Tous deux créent à Toulouse l’AJ (l’Armée Juive « Armand Jules») qui devient rapidement l’OJC (Organisation Juive de Combat). Sous le nom de « Régine », Ariane participe à des actions de résistance en n’hésitant pas à prendre de gros risques (enceinte, elle transporte des armes camouflées sous sa robe).
En 1943, elle envoie son quatrième enfant en Suisse où est réfugié son mari depuis fin 1942. Déterminée, Ariane poursuit son combat aux côtés de la Résistance toulousaine jusqu’au 22 juillet 1944.
La souricière du 11 rue de la Pomme
L’appartement situé 11 rue de la Pomme, à Toulouse, est loué par Ariane Fiksman, résistante d’origine russe. Cet endroit discret sert à la fois de boîte aux lettres et de cache pour les résistants ainsi que, depuis l’annonce du débarquement, de lieu de transit pour les hommes cherchant à rejoindre le maquis.
Le 22 juillet 1944, Ariane s’y rend, en compagnie du résistant Raoul Léons, chef de secteur des maquis du Tarn (Montagne Noire). Ils ont avec eux les faux papiers nécessaires aux nouvelles recrues désireuses de rejoindre le maquis.
Renseignée, la Milice est à l’intérieur de l’appartement.
Arrivé le premier au rendez-vous, Thomas Bauer est immédiatement arrêté. Lorsque Ariane Fiksman entre dans l’appartement, elle remarque son camarade tenu en joue par les miliciens. Une bagarre éclate entre résistants et miliciens : Thomas Bauer se saisit d’une bouteille vide qui traînait sur le sol pour assommer l’un des francs-gardes de la Milice. Un milicien tire et c’est Ariane qui est touchée en plein cœur.
Thomas Bauer, grièvement blessé, parvient à s’enfuir mais il est rattrapé par les miliciens. Interrogé et torturé, il meurt le lendemain au cours d’une intervention chirurgicale à l’Hôtel-Dieu. Seul Raoul Léons, blessé à la jambe, est parvenu à s’échapper.
Pour en savoir plus:
Biographie documentée: Ariadna Scriabina
Texte Elérika Leroy