Dimanche 28 janvier 2007 Édouard Raymondis

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Hommage à Forain-François-Verdier

Martyr de la résistance

 

Dimanche 28 janvier 2007, à la forêt de Bouconne.

Allocution de Édouard Raymondis

Avec la participation des Élèves du collège Voltaire de Colomiers

 

Il est des temps difficiles où pour vivre, il faut mourir

 

 

La liberté de parole dont nous bénéficions aujourd’hui est loin d’être universelle.

Elle provient de l’engagement jusqu’au sacrifice des résistants qui s’opposèrent au  nazisme, à la dictature de Vichy.

François verdier, « Forain » de son nom de guerre, en tant que chef, coordinateur, animateur de la résistance à Toulouse et dans la région, reste l’image emblématique de l’homme libre, s’élevant dans sa dignité, de toute sa générosité et sa révolte contre l’oppression d’une occupation tyrannique.

Il savait l’ennemi d’une cruauté sans limite. Pourtant, arrêté, il domina 40 jours et 40 nuits la peur de la souffrance et de la mort certaine, pour celui qui résistera lucidement d aux pires torture, endurées afin de protéger les membres de ses réseaux.

L’engagement dans la lutte clandestine était, dans la grande nuit obscure de l’Europe, de la France vaincue, divisée, un acte résolu de courage.

François verdier était un homme d’action, vivant intensément chaque heure, tant ses engagements étaient multiples et prenants. Père de famille, patron d’entreprise, juge consulaire, franc-maçon, il milite à la ligue des droits de l’homme.

 

En 1939 les conditions d’internement dégradantes et indignes des républicains espagnols au camp du Vernet, près de chez lui, seront un des éléments déclencheurs de son engagement dans la résistance quelques mois plus tard.

Son sentiment républicain patriote, comme sa conscience morale, lui faisaient rejeter toute compromission avec la domination fasciste. François Verdier porte la contradiction à l’adage :« Prends des risques celui qui n’a rien à perdre ».

 

François verdier avait famille et enfants. Jeanne verdier son épouse, refusa de se cacher pour éviter d’aggraver les soupçons de la Gestapo pesant sur son compagnon.

Elle partageait son courage, avec sang-froid et abnégation ; elle fut déportée à Ravensbrück.

François Verdier utilisa sa position sociale pour mieux servir. Il exposa sa situation, sa famille, sa vie, pour une cause supérieure : celle du destin, du devenir de tous ses concitoyens.

« Il est des temps si difficiles

où pour vivre, il faut mourir ».

La liberté, le combat contre l’oppression, justifient d’en prendre le risque dans l’action raisonnée.

 

Mais, lorsque le supplicié dans sa chair trouve en son esprit la force de se taire, sans espoir de salut, l’héroïsme prend alors une dimension mystique qui donne à l’homme une grandeur universelle inaliénable.

C’est la noblesse d’un vainqueur blessé, dont l’agonie humilie les tortionnaires, dans la bassesse de leur rage impuissante.

François verdier, dans le silence éternel de son âme intacte s’adresse à nous.

 

Appartenant à la génération née dans la tourmente de cette période dramatique, j’entendais, dès ma prime jeunesse, la compassion des femmes partageant entre elles cette tragédie et ses secrets.

Après la libération, je voyais revenir chez mes grands-parents 23 rue Matabiau, les résistants, les survivants des camps de concentration – les yeux exorbités d’Achille Teste, l’un des plus modestes d’entre eux- sont gravés dans ma mémoire à jamais. Il fut le dernier témoin de François verdier encore vivant en prison avant d’être déporté Quant à lui a les yeux exorbités de l’un des plus hommes d’entre eux sont gravé dans ma mémoire à jamais–il fut le dernier mois dernier témoin de François verdier encore vivant en prison, avant d’être déporté quant à lui a Buchenwald.

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Ainsi, notre éducation civique allait de soi. Nous savions déjà sans le formuler que l’histoire est tragique. Bientôt adolescents, nous apprendrions à travers les guerres de décolonisation que l’histoire se répète tristement. Les libérateurs comme les victimes, pouvant parfois devenir à leur tour des bourreaux.

Nous avons rêvé d’un monde pacifique, vénéré Gandhi, admiré Martin Luther King, Nelson Mandela.

Mais les guerres se succèdent sans interruption, les tortures, les génocides perpétuent l’horreur, menacent toujours les Droits des hommes les droits de l’Homme, souvent niés par les nations même qui les ont écrits en lettres de sang.

 

La civilisation des philosophes et des prophètes, de Socrate Jésus, de Voltaire à Jean-Jaurès, est à reconstruire sans cesse. Le monde développé laisse mourir tous les ans en Afrique, terre d’origine de l’humanité, plusieurs millions d’êtres humains qui pourraient sortir de la pauvreté, des épidémies, moyennant un minimum de solidarité. Aujourd’hui, l’esprit de résistance doit être le refus de l’inacceptable, Joint à l’action.

La défense des droits fondamentaux, de la paix, de la santé, de l’éducation, de l’accès au travail, est plus urgente que jamais, tant les moyens de destruction massive, de pollution généralisée menacent pour la première fois L’Humanité dans son ensemble.

Résister pour créer. La finalité de la résistance n’est pas l’affrontement, mais le rétablissement de la justice, contenue dans chaque acte de justice.

Dans un contexte de peur diffuse, la montée des fondamentalismes religieux, quels qu’ils soient et la persistance des nationalismes obscurcissent si l’horizon à nouveau, conduisant à une réduction progressive et consentie des libertés individuelles.

Aussi, faut-il rappeler encore les désastres où menèrent les chimères de la » race « supérieure », l’inefficacité guerrière stérile avec son cortège de victimes civiles innocentes, de ruines et de misère.

 

 

Nous recueillant au pied de cette stèle nous rendons hommage aux résistants, aux soldats de la France libre, aux tirailleurs africains, comme aux alliés tombés sur notre sol.

François verdier est un héros singulier de la reconquête intérieure qu’il incarne.

Seul, face à la Gestapo, il fut achevé sur ce chemin forestier, grelottant de fièvre, de souffrance et de froid dans le Matin dans le matin glacier du 27 mai 1944.

En signe d’avertissement, ils abandonnèrent sa dépouille sans visage, dans cette forêt, refuge des combattants de l’ombre.

 

Vaine menace.

 

Le courage de François Verdier, dont l’écho résonne dans cette clairière, demeure un signe d’espérance lumineux,

Pour un futur possible.

 

Édouard Raymondis

Janvier 2007

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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