Jean Phillipe

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phillipe jean plaque chalets

22 rue du commissaire Phillipe Plaque apposée à l’initiative du Comité de quartier des Chalets Roquelaine en juillet 2019.

 

Jean PHILLIPE

dit Basset

1905-1944

 

Jean Phillipe, commissaire dans la police de Vichy et chef régional d’un des plus importants réseaux de renseignement, a été confronté au cruel dilemme de la cause face aux ordres de répression à l’égard des Juifs.

Jean Phillipe est l’un des très rares hauts fonctionnaires de police en France à avoir eu une attitude aussi courageuse sous  l’Occupation.

Commissaire de Police à Toulouse, Jean Phillipe démissionne en écrivant à sa hiérarchie : «  je refuse … de persécuter des israélites qui , à mon avis, ont droit au bonheur et à la vie, aussi bien que Monsieur Laval lui-même ». Chef régional du réseau Alliance, il est capturé par les Allemands et fusillé le 1er  avril 1944, à Karlsruhe avec 14 membres de son réseau.

phillipe2Originaire de Lyon, Jean Phillipe est commissaire au Creusot en Bourgogne. Lorsque la guerre éclate, il est envoyé dans l’infanterie coloniale jusqu’à l’armistice de juin 1940. Revenu à la vie civile, il est affecté au commissariat de police de Lourdes et entre de suite en relation avec les premiers groupes de résistance.

Le réseau Alliance

Il contacte rapidement des membres du réseau Alliance. Ce réseau s’est créé en octobre 1940 dans la région de Pau avec des officiers militaires et des policiers déçus par Vichy. Le réseau transmet des renseignements à Londres par des postes émetteurs qui lui ont été envoyés et met en place des filières d’évasion.

Marqué par de nombreuses arrestations, le réseau continue néanmoins à prospérer et s’étend désormais à tout le territoire. A partir de juillet 1941, le réseau est dirigé, à l’insu des Anglais, par une femme Marie-Madeleine Fourcade.

Musée de la Résistance et de la Déportation de Haute-Garonne

Musée de la Résistance et de la Déportation de Haute-Garonne

Un commissaire de police au service de la Résistance

Jean Phillipe assure la direction du réseau Alliance dans la région. Muté de Lourdes à Toulouse, il prend la direction du commissariat du 7ème arrondissement. Sa place lui permet d’être au cœur du dispositif vichyste et de pouvoir prévenir à temps de nombreux résistants menacés d’arrestation. En janvier 1943, le commissaire Phillipe refuse d’obéir aux consignes de Vichy concernant l’arrestation systématique des Juifs. Il démissionne plutôt que de livrer aux Allemands la liste de tous les Juifs recensés à Toulouse.

Il s’installe alors dans le Tarn et Garonne où il continue de coordonner les actions du réseau Alliance. Mais l’imprudence de deux agents de liaison le fait repérer. Il est arrêté le 28 janvier 1943 par la police allemande.

La fin tragique du réseau

Après des interrogatoires violents au siège de la Gestapo de Toulouse, il est  envoyé à Paris. D’autres camarades du réseau ont aussi été arrêtés. Envoyé à Fribourg, Jean Phillipe comparaît devant un tribunal militaire allemand qui le condamne à mort.

Il est fusillé le 1er avril 1944 avec 14 autres membres du réseau Alliance. Sa femme fut quant à elle déportée en Allemagne. En septembre 1944, 108 membres d’Alliance sont massacrés par les SS au camp de Struthof.

 

 

La Lettre de démission du Commissaire Phillipe

Musée de la Résistance et de la Déportation de Haute-Garonne

Musée de la Résistance et de la Déportation de Haute-Garonne

 

 

 

 

 

 

 

 

Monsieur le Commissaire central,

Toulouse, le 13 janvier 1943.

 J’ai le regret de vous rendre compte de ce que la politique actuellement suivie par notre gouvernement n’étant pas conforme à mon idéal je ne saurais désormais servir avec fidélité.

Je refuse – et sous mon entière responsabilité – de persécuter des israélites qui, à mon avis, ont droit au bonheur et à la vie, aussi bien que Mr Laval lui-même.

Je refuse d’arracher, par la force, des ouvriers français à leur famille : J’estime qu’il ne nous appartient pas déporter nos compatriotes et que tout français qui se rend complice de cette infamie, se nommerait-il Philippe Pétain, agit en traître.

Je connais l’exacte signification des mots que j’emploie.

En conséquence, j’ai l’honneur de vous informer de ce que, par le même courrier, ma démission est transmise à Monsieur l’Intendant Régional de Police.

Permettez-moi de vous exprimer ma gratitude pour l’extrême bienveillance dont vous fîtes toujours preuve à mon égard, et veuillez agréer l’expression de mon respectueux dévouement.

Signé : Phillipe,

Ex-commissaire du 7ème arrondissement

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Le 2 janvier 1995, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jean Philippe le titre de Juste parmi les Nations

Texte Elérika Leroy