Jules Géraud Saliège (1870-1956)
Face à l’innommable, un acte courageux : la lettre de l’archevêque de Toulouse en août 1942 est l’un des très rares actes de protestation contre la déportation et les conditions inhumaines infligées aux civils de confession juive.
La lettre fut reproduite par la Résistance et eut un retentissement bien au delà de la région toulousaine.
L’archevêque de Toulouse
Prêtre depuis l’âge de 25 ans, Jules Géraud Saliège s’engage en 1914. Il rejoint le front comme aumônier militaire pour soutenir les soldats au fond de leurs tranchées.
Il est nommé archevêque de Toulouse en 1928.
Après la défaite de 1940, Monseigneur Saliège écoute avec attention le vieux maréchal et comme la grande majorité des Français, il se laisse guider.
Mais il semble rapidement indigné par la législation répressive et totalitaire à l’égard des Juifs.
La lettre pastorale
Au mois d’août 1942, les premiers convois de détenus internés dans les camps de Noé et du Récébédou partent pour l’Allemagne.
L’Archevêque est informé du spectacle lamentable et déchirant des familles séparées, bousculées, entassées dans des wagons à bestiaux par des gendarmes français sur le quai de la gare de Portet-sur-Garonne.
Mgr Saliège s’insurge et réagit. Il rédige une lettre pastorale dont il ordonne la lecture par tous les prêtres du diocèse à la messe du dimanche 23 août 1942.
Le gouvernement de vichy, par l’intermédiaire du préfet, tente de dissuader les curés de lire cette lettre. Mais, Monseigneur Saliège refuse d’obéir et ordonne de nouveau la lecture de sa lettre pastorale aux curés qui ne l’avaient pas lu à la messe précédente.
Le retentissement de cette déclaration est considérable, la radio de Londres la fait même diffuser sur les ondes.
L’attitude courageuse de l’archevêque de Toulouse comme celle de Monseigneur Théas, évêque de Montauban apparaissent comme des manifestations exceptionnelles de l’esprit de Résistance au sein même de la hiérarchie catholique.
Les paroles et les actes
Cette prise de conscience conforte Monseigneur Saliège dans son choix d’aider les juifs, adultes et enfants, contre les persécutions du gouvernement de vichy. Confection de faux papiers, mise à l’abri dans la région toulousaine Monseigneur Saliège ne se limite pas au message pastoral.
Il organise activement l’aide aux familles juives. Le 9 juin 1944, la police allemande vient l’arrêter à son domicile pour le déporter (convoi des « déportés d’honneur ») mais compte tenu de son âge et de son état de santé, la Gestapo y renonce.
Après la guerre, Jules Saliège fut élevé au rang de Compagnon de la Libération et figure parmi les « Juste des Nations ».