Maurice Dide
1873-1944
Grand médecin et professeur renommé
« Aliéniste, penseur de la psychiatrie du 20° siècle », selon l’expression du Docteur Caroline Mangin-Lazarus, il a dirigé pendant près de 30 ans l’asile de Braqueville (aujourd’hui hôpital Marchant).
Homme cultivé, Docteur ès Lettres, il enseigne la psychologie à la Faculté de Lettres de Toulouse.
En 1939, âgé de 66 ans, il est à la retraite depuis deux ans, mais demande quand même son affectation sur le front. Il est envoyé dans les Vosges à Vesoul où il prend la direction d’un hôpital psychiatrique.
Des évasions au sabotage administratif
De retour à Toulouse en 1940, il est déterminé à poursuivre la lutte. Il fréquente les milieux anti-fascistes comme la Librairie du Languedoc, tenue par Silvio Trentin. Pendant l’hiver 1940-1941, il aide les officiers polonais et britanniques à passer les Pyrénées. Montagnard averti, il y a de nombreux contacts pour faciliter les passages.
Son réseau de passages est rapidement contacté par les autres réseaux d’évasions (Pat O’Leary, Buckmaster…).
Parallèlement, il officie discrètement pour le mouvement Combat qui le charge du noyautage des administrations dans toute la région. Il doit dès lors coordonner toutes les activités résistantes dans les services de l’administration publique (Police, PTT, préfectures, mairies) aux côtés de François Verdier, devenu son ami.
En 1943, la répression policière s’intensifie tandis que la Résistance est en train de s’unifier. Les actions de sabotage sont de plus en plus nombreuses, les dénonciations s’intensifient. Le réseau de Maurice Dide n’y échappe pas.
A la veille d’une série de sabotages prévus par le NAP (Noyautage des Administrations Publiques) en juin 1943, Maurice Dide, sa femme et d’autres résistants sont arrêtés à la suite d’une dénonciation.
Maurice Dide est conduit à la prison militaire de Furgole. Sa femme est relâchée un mois plus tard. Elle ne reverra jamais son mari et conservera précieusement ses travaux et ses écrits. Le 23 octobre 1943, Maurice Dide lui écrit: « Je me suis fait un esprit européen, ayant vécu avec des Égyptiens, des Africains du Nord, des Italiens, des Allemands résistants, des Belges, des Hollandais, des Hongrois, des Yougoslaves, des Tchécoslovaques, des Polonais » (…) « j’ai en tête un groupement européen qui ne saurait tarder ». (cité par Caroline Mangin-Lazarus)
En novembre 1943, il est envoyé à la prison Saint-Michel. Il est transféré au camp de Compiègne le 15 janvier 1944 et déporté dans le convoi du 26 janvier 1944 pour le camp de concentration de Buchenwald.
Âgé de 71 ans, Maurice Dide est très rapidement affaibli par les conditions de vie concentrationnaires. Malgré l’interdiction faite aux médecins déportés d’exercer leur métier, Maurice Dide est sanctionné pour avoir soigné des malades de son bloc. Les SS l’envoient en corvée de latrines, tâche trop difficile physiquement pour Maurice DIde, qui s’écroule dans la neige. Il meurt ce 26 mars 1944, mordu par les chiens des SS. Ce sont ses camarades, survivants du camp de Buchenwald, qui ont témoigné à leur retour auprès de Madame Dide.
Aujourd’hui, une annexe du CHU de Toulouse à Hôpital La Grave porte le nom de Maurice Dide.
Route d’Espagne, en direction de centre hospitalier Marchant où il exerçait, un rond point lui rend hommage.
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