François Verdier et la Grande Guerre

En passant

A l’occasion du centenaire de la Première Guerre Mondiale, et du souvenir des ces millions de Français morts, mutilés, traumatisés, évoquons le parcours de François Verdier en 1918. Expérience, d’un jeune homme élevé dans le souvenir de la guerre de 1870, qui va asseoir à jamais sa passion patriotique.

« Grande Guerre » : premier engagement

François Verdier, au sortir de l'adolescence

François Verdier, au sortir de l’adolescence

La mobilisation générale envoie des milliers de soldats vers le Front, via la Gare Matabiau. Le père de François Verdier, Paul, âgé de 38 ans, soldat de la réserve de l’armée territoriale, est mobilisé dans un régiment d’artillerie lourde comme conducteur de machines en décembre 1914. Puis il est envoyé à l’arrière du front du côté de Verdun.

A Toulouse, François Verdier doit changer d’établissement scolaire, le sien (Berthelot) étant maintenant dédié à de nouvelles activités. L’école supérieure Berthelot est en effet réquisitionnée et transformée en hôpital complémentaire destiné à accueillir et soigner les blessés rapatriés du Front. De nombreux hôtels particuliers, bâtiments administratifs ou groupes scolaires dans Toulouse sont ainsi transformés en hôpitaux complémentaires ou auxiliaires, de même que l’École vétérinaire dans le quartier Marengo.

Archives municipales de Toulouse 9 Fi 5364

Archives municipales de Toulouse 9 Fi 5364

Dès 1914, le jeune François voit ainsi arriver dans sa ville, pourtant bien éloignée des lignes de combats, les premiers blessés. Sur le chemin du lycée, il peut également apercevoir, à la gare Matabiau, les longs convois de soldats se préparant à gagner  le Front. Ainsi, très vite, l’adolescent est sensibilisé comme beaucoup d’autres aux réalités de la guerre.

Archives municipales de Toulouse, 5_9Fi5364

Archives municipales de Toulouse, 5_9Fi5364

 

Malgré tout, François Verdier termine sa scolarité au Lycée de garçons de Toulouse (actuel lycée Pierre de Fermat). En juillet 1917, il tente le concours du Brevet Élémentaire et réussi

Article découpé et précieusement conservé par la fille de François Verdier

Article découpé citant les lauréats au concours de juillet 1917, précieusement conservé par la fille de François Verdier.

brillamment. François obtient son Brevet de capacité pour l’enseignement primaire, qui aurait pu lui permettre de devenir instituteur.

Mais son père attend de lui qu’il le seconde dans son entreprise commerciale. François devient donc négociant en machines agricoles en son absence. Cependant, le contexte lui fait choisir, dans l’immédiat, une autre voie.

 


Rejoindre le Front

 

Le 8 septembre 1918, au lendemain de ses 18 ans, il contracte un engagement volontaire pour quatre ans. C’est avec le consentement paternel puisqu’il est mineur et muni d’un certificat de « bonne vie et mœurs » qu’il se rend à la mairie pour signer son engagement. Ayant le choix de son affectation comme engagé volontaire, il choisit l’artillerie lourde, comme son père.

Les registres matricules du recrutement militaire conservés aux Archives Départementales de Haute-Garonne permettent de connaître une foison de détails. La fiche de François Verdier nous apprend ainsi qu'il mesurait 1,79 m, ce qui est plutôt grand pour l'époque, et le détail de la couleur de ses yeux, signalés « bleus orangés ». Singularité que les photographies en noir et blanc ne nous permettaient pas de percevoir.

Les registres matricules du recrutement militaire conservés aux Archives Départementales de Haute-Garonne permettent de connaître une foison de détails. La fiche de François Verdier nous apprend ainsi qu’il mesurait 1,79 m, ce qui est plutôt grand pour l’époque, et le détail de la couleur de ses yeux, signalés « bleus orangés ». Singularité que les photographies en noir et blanc ne nous permettaient pas de percevoir.

1919 (2)

Découverte de la mécanique moderne

Après une courte période de formation à Nérac dans le Lot-et-Garonne, il rejoint le Front au sein d’un régiment mécanisé dont l’armement s’est développé au fil des combats. C’est une artillerie moderne, faite de batteries de canons à très gros calibres, lourds et puissants, mais difficilement mobiles. Nul doute que cette découverte de la mécanique moderne aiguisera son goût pour les techniques innovantes, qu’elles touchent les machines agricoles ou les véhicules classiques.

François Verdier rejoint son groupe cantonné sur le front de Champagne. Les groupes du 89è régiment d’artillerie lourde viennent renforcer les arrières de la IVè Armée française. Ils y sont ensuite intégrés pour préparer la dernière grande bataille de la guerre, l’offensive de l’Argonne, dirigée par la 1re Armée américaine. Cette offensive victorieuse s’achève à Sedan. Le 89è régiment d’artillerie lourde, dirigé par le Lieutenant-colonel Tribout, traverse l’Aisne quelques jours avant l’armistice. Les grands services rendus par ces unités automobiles, douées d’une mobilité et d’une capacité de transport remarquables sont saluées par les autorités militaires .La bravoure de son régiment est honorée par la Général Pétain, commandant en chef des armées françaises.

François Verdier devant Régiment d'artillerie lourde en voie ferrée

François Verdier devant Régiment d’artillerie lourde en voie ferrée.

Deux ans en Allemagne après l’armistice

L’armistice signé, l’occupation militaire par les armées alliées se poursuit jusqu’en 1919. François Verdier stationne en Allemagne jusqu’en octobre 1919, date à laquelle il accède au grade de Maréchal des Logis chef. En 1920, il intègre le 152è régiment d’artillerie lourde à voie ferrée.  Son engagement militaire prend fin avant terme, quand fin décembre 1920, il est réformé temporairement pour raison de santé et placé dans l’armée de réserve.

Bien que l’artillerie lourde fut située à l’arrière du front, laissant l’infanterie en première ligne, cette « Campagne d’Allemagne » ne put être vécue que dans le traumatisme, notamment avec les milliers de morts et de blessés touchés par des tirs d’obus toxiques. Mais ces mois d’engagement lui ont également permis de découvrir les derniers progrès techniques dans le domaine automobile. Il rentre donc dans la ville rose avec une conscience certaine des prouesses techniques accomplies par l’armée. Cela va jouer un rôle considérable dans sa vie, cette nécessité d’aller vite en utilisant les techniques modernes à disposition, comme les automobiles ou le téléphone.

1925 peut etre

François Verdier restera stigmatisé par cette expérience militaire et animé par un sentiment patriotique exacerbé. Mais il retrouve Toulouse et ses amis avec entrain et pose le fardeau de la guerre pour goûter à la douceur d’une vie plus légère, au gré des parties de chasse et de rugby dans le Gers, du côté de l’Isle-Jourdain. Il devient pour quelques temps un jeune homme moderne dans le Toulouse des Années folles.

1925 (2)

François Verdier et le goût pour la belle mécanique automobile, Saint-Orens (Gers), 1925, coll. famille Verdier

 


Texte: Elérika Leroy