Raymond Naves
(1902 – 1944)
« Grange » « Leverrier »
Docteur ès Lettres, c’est à la Sorbonne qu’il soutient sa thèse « le Gout de Voltaire » et publie une thèse complémentaire en 1939 sur Voltaire et l’Encyclopédie qui font toujours référence aujourd’hui.
Il accepte un poste dans la ville de son enfance à la Faculté de lettres de Toulouse en 1937. Ce spécialiste reconnu du Siècle des Lumières attire des foules d’étudiants et d’adultes qui se pressent dans des amphithéâtres trop petits.
Ecrivain et poète, Raymond Naves est également engagé politiquement, à la SFIO, il est pourtant hostile à la politique de non-intervention en Espagne. Engagé également au syndicat, il donne des cours à la Bourse du travail, appliquant son souci de la pédagogie simple et accessible.
Un enseignant humaniste
En 1939, lieutenant de réserve, il est mobilisé près de Reims et rentre bouleversé par le désordre et l’impréparation de l’armée. Il est révulsé par les attaques contre la République (il propose même de témoigner en faveur des ministres du Front populaire au procès de Rioms). Il trouve un peu d’apaisement dans ses cours sur le Siècle des Lumières auprès de ses étudiants et participe régulièrement aux réunions de la librairie du Languedoc.
Vive la liberté
En 1941, le professeur Naves soutient une revue clandestine publiée par un petit groupe d’étudiants appelé « Vive la Liberté ». Ce groupe publie une revue clandestine tirée à 300 exemplaires.Le groupe est démantelé par la police en décembre 1941, ses quatre animateurs sont arrêtés et sévèrement condamnés.
La même année 1941, Raymond Naves rejoint le Comité d’Action Socialiste (CAS) afin de rompre avec les parlementaires socialistes ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain. Il en prend la tête au niveau régional.
Raymond Naves devient rédacteur en chef du journal du parti clandestin « le Populaire du Sud-Ouest » imprimé chez les frères Lion. En 1942, il dirige au niveau régional le réseau de renseignement Froment, en lien avec Londres. L’investissement de Raymond Naves dans la Résistance devient de plus en plus important et l’oblige à se déplacer dans toute la région. Il poursuit néanmoins ses cours à la faculté.
Avec l’aide d’Henri Docquiert, son secrétaire, Raymond Naves met en place un journal clandestin « le Populaire du Sud Ouest». Raymond Naves en donne l’esprit dans l’éditorial.
Un grand chef de la Résistance
En 1943, les responsables de la Résistance le choisissent comme futur Maire de Toulouse à la Libération. Raymond Naves travaille étroitement avec François Verdier à l’élaboration des Mouvements Unis de Résistance. Ils ont la même conception de la Résistance.
Après l’arrestation de François Verdier, en décembre 1943, Raymond Naves est convoqué à Paris où il se voit confier l’organisation militaire et la coordination des Mouvements unis de Résistance dans la région.
En janvier 1944, responsable régional de l’Armée secrète, la clandestinité devient une obligation pour lui. Raymond Naves accepte se loger ailleurs qu’à son domicile, mais il veut terminer un cours sur Proust pour ses étudiants à l’agrégation.
Raymond Naves est arrêté le 24 février 1944 sur le chemin de la Faculté par la police allemande. Quelques jours après le démantèlement de l’imprimerie des frères Lion, l’arrestation de Raymond Naves est un coup terrible pour la Résistance toulousaine.
Après les séances de torture au siège de la Gestapo, Raymond Naves est enfermé à la prison Saint-Michel puis transféré au camp de Compiègne.
Fin avril 1944, Raymond Naves est déporté au camp d’Auschwitz (matricule 186126). Il meurt de maladie et d’épuisement une quinzaine de jours après son arrivée (vers le 11 ou 15 mai 1944).
Raymond Naves, un humaniste en résistance par Pierre Petremann
Editions Loubatières, Toulouse, 2020.
Compte-rendu de lecture
La biographie écrite par l’historien Pierre Petremann rend non seulement hommage au parcours de résistant de Raymond Naves mais donne surtout la pleine mesure de l’homme qu’il fut. De l’intellectuel spécialiste du Siècle des Lumières et de Voltaire à ses engagements humanistes, de sa lucidité et sa franchise assumées par ses prises de positions face à la débâcle de 1940 et lors du procès de Riom, cet homme politique et syndicaliste avait par-dessus tout la vocation de l’enseignement. C’est cette vocation qui sera à l’origine de son arrestation par la police allemande le 24 février 1944, alors que chef régional de l’Armée secrète en R4 (région Midi Pyrénées élargie au Lot et Garonne), il se rend à la faculté de lettres de Toulouse pour assurer son cours sur Marcel Proust à destination des étudiants candidats à l’agrégation. Les dernières opérations menées par les nazis contre la Résistance auraient dû lui faire prendre le chemin d’une totale clandestinité, mais la mission de Raymond Naves fut la plus importante.
Raymond Naves est né à Paris en 1902, où son père, François, avait été nommé à un poste de rédacteur au ministère des Finances. Cependant, le berceau familial des Naves se trouve en Haute-Garonne, à Poucharramet, petit village près de Muret. La famille de Raymond Naves appartenait à l’aristocratie rurale, propriétaires ou cultivateurs depuis le XVIIIème siècle. Son grand-père, Jean-Baptiste Naves, républicain, fut un opposant au régime du Second Empire.
Raymond Naves vit donc sa prime enfance à Paris, boulevard Saint-Germain, loin de ce monde rural auquel il accordera une grande importance dans sa vie d’adulte. Son père est muté à Bordeaux en 1911, ville dans laquelle il effectua l’essentiel de sa scolarité. Raymond se retrouve seul avec sa mère, Jeanne, puisqu’en 1914 François Naves, alors âgé de 48 ans, s’engage volontairement. Son père revient en 1917, profondément marqué par les conditions de la guerre, particulièrement meurtri à tel point qu’il demande sa mise à la retraite. La famille quitte Bordeaux pour Toulouse où Raymond intègre le lycée Fermat pour une première littéraire. C’est un élève brillant qui réussit avec brio le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris. Il obtint l’agrégation de lettres en 1923, à l’âge de 21 ans. Après son service militaire, il épouse en 1924 Marie Valette, enseignante originaire de Marseillan dans l’Hérault. Raymond Naves commence sa carrière d’enseignant au lycée de Carcassonne où il souhaitait s’installer. L’académie décide néanmoins de l’envoyer dans le Nord de la France, à Douai. Finalement, Raymond Naves obtient un poste un an plus tard au lycée de Montpellier, où naît son fils Francis en 1926, puis l’année suivante à Béziers, au lycée Henri IV. Ses parents, François et Jeanne, s’installent à leur tour à Béziers. Les quatre années que Raymond Naves passent à Béziers marquent son parcours politique et syndical, ainsi que littéraire puisque c’est là qu’il entreprend un long travail sur Voltaire. En 1928, Raymond Naves est nommé à Paris, puis il est envoyé à Marseille avant de revenir à Paris en 1933. En 1937, Raymond Naves soutient brillamment sa thèse de doctorat « le goût de Voltaire » qui change radicalement le regard porté jusqu’alors sur Voltaire (Pierre Petremann développe longuement l’importance de Voltaire pour Raymond Naves et ce que fut pour lui « la passion des Lumières » dans le chapitre 4). La même année il est nommé au Lycée Louis-le-Grand puis obtient finalement un poste les mois suivants à la faculté de lettres de Toulouse. Ses années de pérégrination sont marquées par une forte production littéraire, dont de nombreux ouvrages pédagogiques pour des étudiants en lettres. Jusqu’à la fin de sa courte vie, même aux heures les plus noires, Raymond Naves n’aura de cesse d’écrire.
Parallèlement à sa vie d’enseignant, Raymond Naves s’engage politiquement et syndicalement.
Dès son entrée à l’Ecole Normale Supérieure, il rejoint le syndicat des membres de l’enseignement secondaire et supérieur, affilié à la CGT dite confédérée, fondé par Ludovic Zoretti en 1923. C’était un choix rare par les enseignants du secondaire qui majoritairement adhéraient à la Fédération des membres de l’enseignement laïc. Ce choix correspondait à son engagement socialiste qui lui permit de travailler à la question de la réforme de l’enseignement. Raymond Naves fut un militant actif et exerça des responsabilités comme secrétaire de la section de l’Hérault fondée en 1927. Ses interventions furent marquées par son engagement profond pour la défense des « catégories inférieures » et sa vision syndicale était empreinte de justice sociale. Devenu professeur d’université, il poursuivit son militantisme au syndicat de l’enseignement supérieur de la CGT. A Toulouse, il fut très proche du secrétaire de l’Union régionale, Julien Forgues. A la Bourse du travail, Raymond Naves aura une activité capitale dans les Collèges du travail, créés en 1933, militant de la première heure pour l’éducation ouvrière. Raymond Naves donna ses premiers cours en 1938 et enseigna également par la suite le français aux réfugiés espagnols.
En 1936, Raymond Naves s’engage pour la défense de la République espagnole et refuse la politique de non intervention. Fidèle à la conception d’un syndicalisme de défense des travailleurs et attaché aux acquis du Front populaire, Raymond Naves participe aux manifestations de novembre 1938 contre les décrets-lois Daladier responsables selon lui de l’injustice sociale.
Raymond Naves fut un socialiste convaincu « mais ne fut jamais un homme d’appareil ». Cet engagement fut d’abord un héritage familial avec la personnalité de François, son père, militant SFIO. Le socialisme était pour lui un idéal et non un objectif de carrière. C’est dans l’Hérault que Raymond Naves exerça les responsabilités les plus importantes. Il fut l’un des éditorialistes du journal « le Cri socialiste du Midi » à partir de 1930. Ce journal hebdomadaire avait été fondé par son père François et par Fernand Roucayrol. Ce journal socialiste souhaitait défendre l’aile gauche de la SFIO dans l’Hérault. Raymond Naves y animait des rubriques intitulées « A cri et à cran » ou « Mots d’ordre », il y dénonçait le « gouvernement des affairistes » et y défendait le socialisme face au capitalisme et au nationalisme.
Raymond Naves consacra de nombreux articles aux questions sociales, notamment à propos de la loi sur les assurances sociales et défendait l’outil d’émancipation des ouvriers qu’était le syndicalisme. Il se positionnait également sur les questions internationales et prit fortement position au moment de la Guerre d’Espagne en dénonçant la politique de non intervention. S’il était convaincu qu’il fallait préserver la paix, il était tout à fait conscient des risques réels de guerre. Il ne glorifia pas les accords de Munich et faisait partie de ceux qui refusaient toute concession à Hitler afin de préserver la paix. S’inscrivant dans l’héritage de Jean Jaurès, dans son pacifisme, il dénonçait les propositions de surarmement et la politique des pactes qui risquait de mener à la guerre. A Toulouse, Raymond Naves exprimait régulièrement sa pensée, proche de la tendance Paul Faure, dans le journal « Midi Socialiste ». Il y dénonçait la complicité des régimes démocratiques envers l’Italie et l’Allemagne mais aussi l’Union soviétique, les responsabilités du système capitaliste (notamment la vente des matières premières aux dictatures). La lucidité est au cœur de son propos et son dernier article, à la veille de la guerre s’intitule « Restons lucides » (22 aout 1939) pointant le manque d’union des démocraties face aux menaces des dictatures et rappelait que face à la guerre, le seul chemin était « le devoir socialiste ».
Quelques jours après le décès de son père, Raymond Naves fut mobilisé le 2 septembre 1939 comme capitaine de réserve. Il fut affecté au service militaire des chemins de fer de la région Est et chargé d’affecter le matériel dans le secteur de Reims. Subissant l’ambiance pesante de la « drôle de guerre » dans un monde d’officiers il fit part de ses impressions dans un texte envoyé au « Midi Socialiste » en février 1940, article intitulé « Rayons et ombres », qui fut censuré. Il avait espoir qu’un projet international de paix puisse se mettre en place à l’issue de cette guerre sans combat. Ce n’est que bien plus tard, en février 1942, que Raymond Naves put faire part de ses impressions. Il écrivit une longue lettre à Pierre Caous, président de la Cour de justice de Riom qui jugeait Léon Blum, Édouard Daladier et Paul Reynaud. Dans cette lettre il rappelle la responsabilité des chefs militaires dans la défaite, celle de l’Etat-major qui se comportait comme dans une guerre de position, et le désordre total qui en a découlé. Raymond Naves dénonce « la puérilité ahurissante des ordres reçus par les troupes qui montaient au combat ». Enfin il regrettait pour avoir vécu les officiers, cette façon de d’avantage s’intéresser au politique qu’aux stratégies militaires, « toujours pour faire le procès du régime républicain, avec l’espoir que la guerre aboutirait au moins à la liquidation de la démocratie et du socialisme. »
Raymond Naves rentre à Toulouse fin juillet 1940, profondément marqué par la guerre et la débâcle. Il fut rapidement confronté au ralliement de ses anciens camarades au régime de Vichy, et parmi eux deux de ses proches, Fernand Roucayrol et Ludovic Zoretti. Ce dernier fut chargé par Marcel Déat de recruter d’anciens camarades du syndicat des enseignants pour le RNP (Rassemblement National Populaire) et sollicita Raymond Naves en juin 1941. Raymond Naves lui répondit immédiatement en soulignant sa « profonde tristesse » et tentait de le convaincre de la nocivité du régime. Raymond Naves y affirmait son optimisme, ne doutant pas de la chute des régimes totalitaires et en appelait à Jean Jaurès pour condamner « les impérialismes et antagonismes de races ». Il concluait sa lettre en précisant qu’il serait toujours du côté de « l’humanité qui crie au secours », « il peut m’être difficile encore, sinon impossible de lui lancer un cordage ; en tout cas je refuse de l’accabler d’un coup d’aviron ».
Ce fut à l’université que Raymond Naves prit ses premières marques dans la Résistance auprès de certains de ses collègues mais aussi de ses étudiants. En mai 1941, une revue clandestine est créée par quelques étudiants qui s’intitulait « Vive la liberté ». Imprimée à quelques centaines d’exemplaires, cette revue d’une vingtaine de pages se voulait un « cahier libre d’information et d’action politique rédigé par des hommes libres. » Les professeurs Georges Canguilhem et Maurice Dide y participèrent, ainsi que Raymond Naves qui fut le seul à signer son article ! Il y précisait sa pensée et ses objectifs, « il y a des hommes de valeur à éclairer et à conquérir. » Pour lui la cohésion sociale devait reposer sur deux piliers, une pensée laïque et républicaine, « laïque sans anticléricalisme grossier et persécuteur et républicaine en donnant une possibilité de contrôle du peuple sur ses dirigeants. » Les fondateurs de « Vive la Liberté » furent arrêtés en décembre 1941 et lourdement condamnés en mars 1942.
La conviction européiste de Raymond Naves, partagée par de nombreux intellectuels à Toulouse, l’avait fait rejoindre le cercle de Silvio Trentin, convaincu que l’union des nations était une chance pour retrouver la liberté et la paix. Raymond Naves et Silvio Trentin partageaient les mêmes idées autour de l’universalisme. La librairie de Silvio Trentin fut selon les termes de Jean-Pierre Vernant un « laboratoire d’idées » et en fait, le véritable nid de la Résistance toulousaine. C’est dans cette librairie que fut créé le premier réseau de résistance par Jean Cassou et Pierre Bertaux, ainsi qu’un peu plus tard le mouvement « Libérer et fédérer ». Raymond Naves n’y participe pas, convaincu de la nécessité de créer un parti socialiste avec des hommes neufs. Il rejoint la démarche entreprise par Daniel Mayer et Eugène Thomas en juin 1941. Le CAS (Comité d’Action socialiste) fut structuré à Toulouse dans la pharmacie de son camarade Pierre Bourthoumieux en septembre 1942. L’étudiant Henri Docquiet devint la « doublure » de Raymond Naves désigné responsable régional sous le pseudonyme de « Grange ». Son siège, la « Centrale » est installé en centre ville dans les locaux de la Maison de la Mutualité où exerçait Léon Achiary. Les principales activités se concentraient autour de la propagande et du renseignement. Raymond Naves avait initié la création d’un journal clandestin, « le Populaire du Midi », imprimé chez les frères Lion.
En même temps que le CAS, fut créé l’antenne toulousaine du réseau Brutus, réseau de renseignement en lien avec la France Libre créé en 1940 par le colonel Fourcaud et André Boyer. La majorité des membres étaient socialistes. Les contacts radio avec Londres se faisaient depuis le local de la « Centrale ». En juillet 1943, le chef régional du réseau fut arrêté. Craignant que ce dernier ne parle sous les coups, le réseau réussit à le faire évader de la prison Saint-Michel (chose exceptionnelle sous l’Occupation). Le réseau connut de nombreux coups durs, notamment en octobre 1943. A la suite d’une trahison (un opérateur radio du réseau accepta de collaborer avec la police allemande), des résistants furent arrêtés et la « Centrale » perquisitionnée. L’un des agents du réseau, Lucien Béret fut effroyablement interrogé et mourut sous la torture. C’est un choc pour les résistants toulousains et pour Raymond Naves en particulier.
Dans le processus d’unification de la Résistance, Raymond Naves n’eut de cesse de militer pour inscrire les partis politiques dans la future instance préparée par Jean Moulin. Une réunion eut lieu à Toulouse, à la Bourse du travail, en juin 1942 en présence de Jean Moulin, Boris Fourcaud et Christian Pinaud. Jean Moulin ne voulait pas des groupes armés liés au CAS (Froment, Veny) au sein de l’Armée secrète. Finalement, De Gaulle, après avoir reçu Daniel Mayer à Londres, donna d’autres instructions. Raymond Naves fut chargé de l’organisation des groupes armés dans la région. Dans les mois qui suivirent, de nouvelles arrestations déstabilisèrent l’organisation clandestine de Raymond Naves et notamment celle de Pierre Bourthoumieux en juin 1943. L’activité résistante devint intense pour Raymond Naves dirigeant à la fois du réseau Brutus et du CAS. Les réunions clandestines s’organisaient dans son bureau de la faculté. Il rencontra de grandes difficultés dans l’intégration du réseau au sein des MUR (Mouvements unis de Résistance) et des groupes Veny au sein de l’Armée secrète. Après la désignation de François Verdier à la tête des MUR à l’été 1943, l’intégration fut facilitée. Les deux hommes partageaient la même conception de la Résistance et étaient liés par une « confiante amitié ». L’intégration de son organisation militaire au sein des MUR et de l’AS se fit finalement sous le nom de France au combat. Verdier et Naves ont tous deux grandement facilité l’unification de la Résistance dans la région R4. En décembre 1943, François Verdier fut arrêté par les nazis dans une vaste opération contre la Résistance. Raymond Naves lui succéda pour coordonner l’unification militaire en R4. Il fut convoqué à Paris en janvier 1944 par Dejussieu Pontcarral, chef de l’AS en zone sud pour préfigurer la création des FFI (Forces françaises de l’Intérieur).
Raymond Naves fut arrêté le 24 février 1944 par la police allemande ainsi que tout l’état-major du CAS, de Brutus et de France au Combat. Une nouvelle fois, une trahison fut à l’origine de l’opération allemande. Raymond Naves avait accepté de quitter son domicile pour un logement clandestin mais tenait absolument à terminer son cours sur Marcel Proust auprès de ses étudiants. Il fut arrêté par deux policiers allemands sur le chemin de la faculté.
Incarcéré à la prison saint-Michel, Raymond Naves fut transféré à Compiègne le 26 mars 1944. Révélateur de la personnalité de Raymond Naves, le témoignage de son camarade Sylvain Dauriac arrêté en même que lui : au camp de Royalieu à Compiègne, Raymond Naves continua à transmettre en faisant plusieurs conférences dont une sur l’Angleterre à destination d’une loge clandestine de francs-maçons, appelée « la loge des barbelés ».
Raymond Naves fut déporté à Auschwitz-Birkenau le 27 avril 1944 dans ce qui fut appelé le « convoi des tatoués » (convoi 206). Raymond Naves arrive au camp d’extermination dans un état d’épuisement total, il est malade, atteint semble-t-il d’une angine diphtérique. La date de sa mort est incertaine, mais les témoignages de ses camarades rapportent qu’il est mort rapidement, probablement autour du 11 mai 1944.
Celui qui fut désigné dans la clandestinité pour assumer la fonction de maire de Toulouse libérée fut oublié dans les jours qui ont suivi la Libération. Aujourd’hui, une avenue et un lycée portent le nom de Raymond Naves à Toulouse. Le livre de Pierre Petremann contribue fondamentalement à réhabiliter la mémoire de cet humaniste et à nous rappeler le grand homme qu’il était.
Interview de Pierre Petremann par Pierre Lasry
Mémoire
Vidéo de la cérémonie de dévoilement de la plaque sur la maison de Raymond Naves le 18 mars 2022
La biographie de Raymond Naves sur le site du Maitron par Pierre Petremann.
Textes: Elérika Leroy
il serait heureux que le souvenir du professeur Raymod Naves soit davantage honoré à Carcassonne et à Béziers où il fût Professeur…
Michel Bayle
n.b: le Lycée Henri IV de Béziers, sur le rives de l’Orb, est plus ancien qu’un Lycée Henri IV situé lui sur les berges de la Seine.