Albert Lautman

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Albert Lautman

Albert Lautman

Albert Lautman

dit Langeais ou Lucien

1908-1944

D’origine autrichienne, la famille d’Albert Lautman avait fui l’antisémitisme grandissant en Autriche pour la France au début du XX eme siècle.

Brillant étudiant en philosophie, Albert Lautman entre à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris en 1926. Il réalise sa thèse de doctorat sous la direction du professeur Léon Brunschvicg, grand humaniste.

En 1936, il  se lie d’amitié avec Jean Cavaillès et multiplie avec lui les travaux philosophiques sur la pensée des mathématiques, acceptée des scientifiques les plus réticents.

Albert Lautman a laissé une œuvre inachevée qui a marqué le renouveau de la conception des mathématiques en philosophie.

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Nommé professeur à la Faculté de lettres de Toulouse, il est mobilisé en 1939 comme lieutenant de réserve. Officier rigoureux et de grande valeur, il obtient le grade de capitaine en mai 1940. A la tête d’une unité de chars anti aériens, il doit reculer face à l’avancée allemande. Il est fait prisonnier en juin 1940 et envoyé dans un camp d’officiers près de la Silésie, l’Oflag IV D.

Après deux tentatives, il parvient à s’évader en octobre 1941 avec une trentaine de camarades par un tunnel patiemment creusé pendant des mois. Lautman, qui maîtrise parfaitement l’allemand, parvient à rejoindre la France en quinze jours. Il retrouve son maître Léon Brunschwig en Provence, prend des contacts avec la Résistance militaire et rejoint sa femme à Toulouse.

Revenu à Toulouse, les lois antisémites lui ayant fait perdre son poste à la faculté, il multiplie les activités clandestines. Il noue des contacts à Toulouse et en Ariège. Agent du réseau d’évasion Pat O’Leary puis Françoise, il fait franchir la frontière clandestinement aux personnes traquées et aux aviateurs alliés.

Ses qualités le font remarquer par Jean-Pierre Vernant qui le présente à Albert Carovis. En janvier 1944, il rejoint l’état-major départemental de l’Armée Secrète. Lautman devient  le responsable des maquis du secteur 1 (Grenade) aux côtés d’Albert CAROVIS. Il est chargé d’organiser les maquis dans le Nord-Ouest de la Haute-Garonne. Albert Lautman conserve parallèlement son activité avec Françoise.

Dénoncé, il est arrêté le 15 mai 1944 dans un coup de filet de la police allemande en lien avec les filières d’évasion. Interrogé par la Gestapo, il subit de violentes confrontations notamment avec son passeur régulier, Jaïme Soldevilla. Emprisonné à Saint-Michel, il est finalement déporté dans le convoi du 2 juillet 1944, dit du « Train fantôme ». Les bombardements alliés stoppent le train à Bordeaux, les prisonniers sont enfermés dans la synagogue de Bordeaux, qui sert de camp de transit. Après plusieurs jours d’attente, les Allemands appellent une dizaine de prisonniers, dont Albert Lautman.

Il est fusillé le 1er août 1944 avec 46 prisonniers au camp de Souge près de Bordeaux.

Francisco Nitti témoigne des derniers instants d’Albert Lautman à la synagogue de Bordeaux (Chevaux 8, hommes 70, ed. Chantal)

 

“Un jour, vers quatre heures, un des chefs de l’escorte, lut à haute voix une liste de dix noms. Il y avait Lautmann parmi ces noms. On ordonna à nos camarades de préparer leurs bagages. Le silence était absolu. Nous les vîmes partir, ils passèrent parmi nous en étreignant des dizaines de mains qui se tendaient vers eux. Je vis Lautmann traverser la salle, se diriger vers la sortie d’un pas rapide et d’un air calme et serein. (…) Amenés au fort du Hâ, nos camarades firent partie d’un groupe de 46 prisonniers de la Gestapo fusillés au camp de Souge”.

 

On notera l'erreur dans l'orthographe du nom d'Albert Lautmann, erreur récurrente dans de nombreuses archives. Cette plaque est aposée près de l'ancienne faculté de letrres.

On notera l’erreur dans l’orthographe du nom d’Albert Lautman, erreur récurrente dans de nombreuses archives. Cette rue est située près de l’ancienne faculté de lettres.

Texte E. Leroy

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