Albert CAROVIS dit Jean
1908-2002
Originaire de l’Aveyron, Albert Carovis est ingénieur des Travaux publics lorsque la guerre éclate. Mobilisé comme officier de réserve, il est blessé au front en 1940.
De retour en Haute-Garonne, il se rétablit à Grenade sur Garonne. Refusant la défaite et la collaboration, il organise très tôt un petit groupe d’opposants. Fin 1941, ce groupe rejoint les rangs du mouvement Combat par l’intermédiaire de Paul Marcouire « Serge »., puis fusionne un an plus tard avec d’autres groupes au sein de l’Armée secrète .
Son groupe prend alors le nom de « Maquis Roger » et couvre le secteur de Grenade sur Garonne jusqu’au limites du Gers.
Le maquis Roger
Très bien organisé, ses effectifs ne cessent de croître. De 80 hommes au départ, il compte près de 280 hommes en août 1944. Des gens de toute opinion en font partie.
1943 et 1944 voient l’action s’intensifier entre coups de main et sabotages. Des consignes strictes de sécurité et de cloisonnement sont appliquées. les contacts deviennent plus étroits avec Toulouse qui « sollicite le groupe de Grenade pour l’établissement de faux papiers, la cession de véhicules automobiles, le ravitaillement, l’hébergement de résistants traqués »(Jean Carovis, témoignage à DL)
Albert Carovis, fin organisateur met sur pied un service renseignement et d’enquête, supervise les transmissions, multiplie les transmissions, les sabotages, produit de faux papiers, accueille les réfractaires au STO . Le maquis a même sa section transports et constitue des stocks d’essence et un parc automobile cachés dans des fermes aux alentours.
Comme tant d’autres maquis, celui d’Albert Carovis ne bénéficie que d’un seul parachutage dans la nuit du 12 au 13 juillet 1944 à Cox. Cette nuit là, un avion britannique déverse quelques containers d’armes et de provisions près du village sur un terrain balisé par les maquisards de l’AS.
1944, les coups durs
Début 1944, Albert Lautman « Langeais », membre du réseau Françoise, devient l’adjoint de Carovis. Il est chargé de l’implantation et de l’organisation du maquis dont il doit être le chef de camp. Mais Albert Lautman est arrêté le 15 mai 1944 alors qu’il allait voir son frère à la prison St Michel.
Le 19 juin, les Allemands en recherche d’un logement autour de Grenade surprennent Paul Marcouire « Serge » en train de rédiger un courrier pour la Résistance. Il est arrêté en même temps que Germain Carrère « Buisson », Jean Bartoli et deux autres résistants. Ils sont transférés à la prison St Michel.
Le 18 juillet 1944, le maquis Roger subit l’attaque d’une colonne allemande conduite par un milicien. Ce dernier avait été la cible d’une opération la veille. Le maquis déplore la perte de deux hommes : Emile Mené « Magny » âgé de 28 ans et Pierre Jarré « Joseph », policier âgé de 29 ans, ce dernier fusillé par les Allemands en bordure de forêt de Buzet sur Tarn.
Le maquis doit changer plusieurs fois de cantonnement Jusqu’à la Libération, . Ses coups de main se multiplient (arraisonnement de voyageurs sur la ligne du train Toulouse Samatan le 29 juillet 1944)
Le groupe de Carovis est progressivement intégré au sein des F.F.I. du Colonel Ravanel et de Jean Pierre Vernant. Le groupe d’Albert Carovis est le premier à entrer dans Toulouse le 19 août 1944 afin d’y protéger certains endroits stratégiques (Aérodrome, Cartoucherie) de la politique de terre brûlée des nazis en fuite.
Président du CDL – Comité Départemental de Libération
Ses qualités d’organisateur le font désigner président du CDL de Haute Garonne par le Gouvernement Provisoire d’Alger.
La libération de Toulouse achevée, il faut rapidement reprendre le contrôle de Toulouse et appliquer le programme établi par le G.P.R.F. afin de limiter les débordements et rétablir la loi républicaine à Toulouse.
Président du CDL, Albert Carovis doit réorganiser la vie quotidienne des habitants de Haute Garonne (administration, approvisionnement, transports, industries, épuration des collaborateurs, etc.). Ce travail colossal se veut inspiré des idées nouvelles issues de la Résistance. D’ailleurs, Albert Carovis parvient à obtenir des patrons de l’Aéronautique la participation des travailleurs à la gestion de l’entreprise (précurseur des futurs comités d’entreprise)
Albert Carovis s’est retiré après les élections de septembre 1945 pour reprendre ses activités d’ingénieur des travaux publics. Ce n’est que 30 ans plus tard qu’Albert Carovis décide de rassembler les témoignages et les travaux des historiens sur l’histoire de la Résistance dans la région au sein de la Revue R 4.