Jean-Pierre Vernant (1914-2007)
Jean-Pierre Vernant fut l’artisan de la Libération de Toulouse aux côtés de Serge Ravanel. Professeur de philosophie le jour, il était dans l’ombre le chef de l’Armée secrète en Haute-Garonne.
Un grand-père, directeur d’un journal républicain et anticlérical, un père agrégé de philosophie, une enfance avec son frère sans parents (son père meurt quand il a un an et sa mère quand il en a 8) firent de lui un homme engagé au service de la liberté et de la vérité. Il rejoint d’ailleurs très tôt, par antifascisme les jeunesses communistes et affronte, jeune homme, les chemises noires dans le Quartier Latin.
L’engagement
Reçu premier à l’agrégation de philosophie à la Sorbonne en 1937, il est mobilisé comme sergent chef dans l’infanterie. En 1939, il épouse Lida Nahimovitch, d’origine russe, de famille juive non pratiquante. Il est démobilisé en août 1940, alors qu’il se trouve à Narbonne avec son frère. Tous deux s’engagent immédiatement dans la lutte clandestine. Ils achètent une petite imprimerie portative pour diffuser des tracts appelant à la résistance. Jean Pierre Vernant est nommé professeur de philosophie au Lycée de Garçons de Toulouse. Il y rencontre Paul Debauges, Raymond Badiou et surtout Ignace Meyerson, anthropologue. Il fréquente alors les cercles de réflexion antifasciste animés par de grands intellectuels comme Georges Friedmann, Vladimir Jankélévitch, Paul Dottin, Raymond Naves, Jeanne Modigliani…
Le combat clandestin
Par l’intermédiaire de son frère, Jacques, installé à Clermont Ferrand, il entre en contact avec le mouvement de Résistance, Libération-Sud. Un peu plus tard, Raymond et Lucie Aubrac le chargent de prendre le commandement des groupes francs de Libération-Sud en Haute-Garonne.
Chef de l’Armée secrète
Après l’invasion de la zone sud par les allemands en novembre 1942, Vernant prend la tête de l’Armée secrète dans le département.
Il organise tout : le transport des armes, des matériels, donne des cours de maniement des armes et des explosifs, dirige les sabotages et les destructions, les neutralisations d’agents au service de la Gestapo, la récupération de renseignements et d’archives de l’administration de Vichy, comme la liste des hommes destinés au STO. En mai 1944, les multiples forces de la Résistance sont réunies au sein des FFI dont Vernant prend le commandement en Haute-Garonne.
Il vit avec sa femme et sa petite fille, ainsi que la mère de sa femme, pendant cette période puis les envoie dans un lieu connu de lui seul à la campagne.
Il poursuit cette intense activité clandestine en assumant son poste de professeur et ce n’est que contraint par la menace d’une arrestation (dont il est prévenu par des lettres anonymes), qu’il entre dans une totale clandestinité en mai 1944.
En août 1944, aux côtés du colonel Ravanel, Vernant élabore les plans de l’insurrection de Toulouse. Il fait passer toute la gendarmerie dans les rangs de la Résistance. Le 19 août, il entre dans Toulouse à la tête de ses hommes.
Il reste encore quelques mois à Toulouse comme responsable régional des FFI puis retourne enseigner la philosophie à Paris.
Un anthropologue reconnu dans le monde entier
Après la guerre, en contact avec le sociologue Louis Gernet, Jean-Pierre Vernant se tourne vers l’anthropologie de la Grèce Antique. Il se consacre dès lors pleinement à l’étude et à l’analyse de la pensée grecque. Ses travaux révolutionnent la connaissance de la Grèce Antique. Son parcours fait de lui un helléniste et un anthropologue reconnu dans le monde entier. Jean Pierre Vernant n’en reste pas moins toute sa vie un homme engagé que ce soit contre la guerre d’Indochine ou contre la torture en Algérie, aux côtés de son ami, Pierre Vidal-Nacquet.
Jean-Pierre Vernant a été fait Compagnon de la Libération.
Discours du dimanche 29 janvier 1978 en forêt de Bouconne
Jean-Pierre Vernant « Berthier », chef départemental de l’Armée secrète et des FFI
en savoir plus sur Jean-Pierre Vernant:
Jean-Pierre Vernant: de la Résistance à la Grèce ancienne, France Culture
France inter, la marche de l’histoire